Dans sa pièce de théâtre Marat-Sade, Peter Weiss décrit l’ambiance de l’hospice de Charenton, où les internés représentent l’assassinat de Marat sous la direction du marquis de Sade. À la fin de la pièce, les soit-disant fous détournent les paroles du directeur de l’établissement en s’écriant :
" Charenton Charenton Napoléon Napoléon La Nation La Nation Révolution Révolution Copulation Copulation "
S’ensuit une pagaille totale où les gardiens battent les internés, et le rideau tombe alors que le marquis de Sade, debout sur une chaise, éclate de rire.
Qu’en ai-je déduit ? Que les fous ne sont pas plus fous que ceux qui les ont désignés comme tels. Peut-être même ceux qui suivent à la lettre les normes sociales sont-ils en réalité les plus fous d’entre tous. Et voilà l’histoire de toute révolution : la folie naturelle - trop longtemps refoulée par les normes - finit par jaillir de tous les individus. Des groupes se forment qui finissent par s’entre-tuer au hasard, et lorsque la fumée se dissipe les survivants s’approprient avec avidité les morceaux qui restent. (De tous les mammifères bipèdes, l’homme est assurément le seul qui est complètement fou, et sans l'ombre d'un doute le plus dangereux pour sa propre espèce.)
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