jeudi 28 mars 2024

    L’esprit vole de sottise en sottise comme l’oiseau de branche en branche. Il ne peut faire autre chose. L’essentiel est de ne point se sentir ferme sur aucune.

(Paul Valéry)

 


dimanche 24 mars 2024

    Mon imagination me pousse à chercher refuge dans un lieu retiré comme celui-là, loin des déceptions qui me menacent, mais la raison me retient, et me murmure que le monde est toujours le monde, et l’homme ce même mélange de faiblesse et de folie qui doit tour à tour susciter l’amour et le dégoût, l’admiration et le mépris.

(Mary Wollstonecraft)

 


jeudi 21 mars 2024

mardi 19 mars 2024

    Quand on étudie l’histoire des hommes, on s’aperçoit que s’ils s’entre-massacrèrent sans relâche à travers les siècles, ce fut surtout pour n’avoir pas su douter.

(Anatole France)

 


dimanche 17 mars 2024

    Le pessimisme, quand on s'y habitue, est tout aussi agréable que l'optimisme . 

(Arnold Bennett)

 


    Nous pouvons remarquer en général que les esprits des hommes sont des miroirs les uns pour les autres (...)

(David Hume)



vendredi 15 mars 2024

   Les opposés se succèdent naturellement en nous et hors de nous. Il ne m’est ni utile, ni possible de trouver le pourquoi des phénomènes ; ce qui m’importe, c’est de savoir qu’après tel mouvement j’aurai tel autre. Le cercle vicieux est donc le meilleur de tous les raisonnements.

(Marie-Jean Hérault de Séchelles)

 



jeudi 14 mars 2024

   Je ne sais pas ce que c'est que la liberté, moi, ni ce que c'est que la patrie. J'ai toujours été fouetté, giflé, - voilà pour la liberté ; - pour la patrie, je ne connais que notre appartement où je m'embête, et les champs où je me plais, mais où je ne vais pas.
    Je me moque de la Grèce et de l'Italie, du Tibre et de l'Eurotas. J'aime mieux le ruisseau de Farreyrolles, la bouse des vaches, le crottin des chevaux et ramasser des pissenlits pour en faire de la salade.

(Jules Vallès)

 
 

mardi 12 mars 2024

 

 
(Merci à Laurent Ruquier, LDS)
 
 



 

    Les aphorismes de Blaise Lesire, dit le Mar­quis de l’Orée, dans ce premier livre Opuscule navrant, au titre d’une délicate ironie, se fondent sur une seule certitude, celle de l’incertitude, et, comme il le dit de façon apparemment tragique,  de « l’insanité du bonheur ».

   Lire un recueil d’aphorismes est une opération de longue haleine, on peut se promener en trempant sa ligne dans le ruisseau et en avançant à la paresseuse… Puis, soudain, une piqûre, un vif-argent entre deux eaux et un éblouissement surgit.

   Opuscule navrant révèle une boîte à bijoux où se nichent la langue de la vivacité, la mélancolie ensoleillée, une vive désespérance et une ironie toujours en osmose avec le pitoyable ou le grandiose de notre improbable humanité.

« Dérober la cerise et délaisser le gâteau » (1972)

«  Je n’ai qu’une parole, et c’est pour ça que je ne vous la donnerai pas. Je refuse que l’on me pense capable de tenir une promesse » (1976)

   Dans cette œuvre exploratrice aux deux mille entrées, Blaise Lesire fait une entrée remarquable et remarquée dans la littérature. Les articles élogieux de Bruxelles à Paris, d’autres suivront certainement, relèvent la qualité intrinsèque de l’ouvrage : une radicalité joyeuse, une langue sans paresse, exigeante et fine, toute entière marquée par ce pari inouï de vivre la tête haute avant qu’elle ne tombe.

   Nous sommes dans le centenaire de la naissance du surréalisme et les éditions Le cactus inébranlable ont magnifiquement rappelé à quel point le surréalisme belge se démarquait d’avec d’autres courants surréalistes en brocardant toute papauté en la matière.

   L’auteur nous fait part des vertiges et des joyeusetés mortifères de notre métier de vivre. C’est « un livre paresseux comme un miroir, les odeurs en plus. »

   Sa lecture, à petites doses, fait naître à chaque fois le sentiment d’une profonde complicité avec le lecteur. La fausse bonhomie où l’emphase discrète sont les risques majeurs du praticien de l’aphorisme. Blaise Lesire, à aucun moment, ne se paye de mots, lui qui nous rappelle que « La mélancolie est le seul patrimoine de l’humanité qui mérite d’être sauvegardé » (771).

   L’auteur, qui a choisi de vivre dans un discret écart du monde littéraire, vient d’y prendre place de façon magistrale. La vivacité et, osons le mot, la compassion de l’écrivain avec la compagnie des hommes, donnent à ce livre une roborative dimension. Autrement dit, chez Lesire, la mélancolie ne rétrécit pas l’horizon mais, au contraire, en révèle les innombrables diffractions.

"Citoyen du monde végétal, j’envierais le minéral."

   Nous savons, en ce temps de sarcasme et de folie meurtrière sans cesse renouvelés, que la littérature peut peu de choses, si ce n’est qu’elle renvoie, quand elle est de la matière de celle de Blaise Lesire, à une forme d’enthousiasme à ne pas céder et à lire dans les plis de l’histoire des raisons de ne pas croire mais de penser, humblement peut-être, à l’infinie complexité du monde où chacun a ses raisons quand la raison démissionne.

                            Daniel Simon

 

              (Merci à Daniel Simon, LDS - Par ici)




dimanche 10 mars 2024

    Si je devais faire un cadeau à la génération suivante, je lui apprendrais à ne pas se prendre au sérieux.

(Charles Monroe Schulz)

 




   Le pic des Cinq vieillards, au sud-est du Lu shan,
dans le ciel d’azur découpe un lotus en or
la splendeur des Neufs affluents est à portée de main
ah ! construire ici mon nid, parmi les pins et les nuages

(Li Bai - Dérobé par ici chez Corine Leforestier

 

 
Photographie - tiger-sly


    Puissent les femmes d’Iran danser un jour dans la poussière des mollahs.

(Paul Lambda)

 


    On m’ouvre une porte, j’entre et me trouve devant cent portes fermées.

(Antonio Porchia)

 


jeudi 7 mars 2024

    On nous bassine avec les gens qui voyagent pour se trouver. Les seuls voyages sont ceux où l'on ne trouve rien, surtout pas soi, rien sinon d'autres formes sensibles d'inquiétude et d'absence. L'exotisme fondamental, c'est ça.

(Philippe Lançon)



mercredi 6 mars 2024

    (...) J’ai effectivement proposé dans ce sens en 2012 l’instauration d’une « taxe Sismondi » du nom de Jean Charles Léonard de Sismondi (1773-1842), le philosophe socialiste suisse qui suggéra que le travailleur ou la travailleuse remplacé par la machine bénéficie à vie d’une rente perçue sur la richesse créée par celle-ci. Il y aurait là le moyen d’alimenter une caisse assurant à toutes et à tous la gratuité de l’indispensable, une alternative au revenu universel de base plus juste et beaucoup moins dispendieuse, étape nécessaire vers un monde sans argent.

(Paul Jorion - Avec l'aimable autorisation d'icelui)



mardi 5 mars 2024

     Moi aussi, au fond de mon cœur, j'aurais voulu me baigner parmi ces livres dont j'ai si longtemps caressé le nom dans mes rêves. Mais je sais que c'est sans importance. Je sais maintenant que je n'avais pas besoin de lire même le dixième de ce que j'ai lu. Ce qu'il y a de plus difficile dans la vie, c'est d'apprendre à ne faire que ce qui vous est strictement profitable, ce qui est d'un intérêt vital.

(Henry Miller)

 


dimanche 3 mars 2024

    Les hommes m'ont appelé fou ; mais la Science ne nous a pas encore appris si la folie est ou n'est pas le sublime de l'intelligence, - si presque tout ce qui est la gloire, si tout ce qui est la profondeur, ne vient pas d'une maladie de la pensée, d'un mode de l'esprit exalté aux dépens de l'intellect général.

(Edgar Allan Poe)


 



vendredi 1 mars 2024

    Je connais des gens qui se sont délabrés à essayer de se ressembler, et d'autres qui doivent changer de voiture tous les deux ans pour savoir qu'ils existent. Tu te souviens de la fois où tu m'as demandé ce que faisaient les gens dans leurs appartements ? Je t'ai répondu : ils vont de pièce en pièce, et c'est la meilleure réponse qu'on puisse faire.

(Frédéric Berthet)