C'est un honneur d'avoir pour ami quelqu'un qui se pense ridicule de temps à autre : il me ressemble, et cela me rassure.
(3130)
Le résultat des séances d’hypnose ne fut pas non plus convaincant. Je me retrouvai assez vite quelque part dans la galaxie, comme bien souvent dans mes rêves. J’étais une sorte de particule - un œil ? - entouré d'étoiles et d’astéroïdes, parcourant les espaces infinis sans y comprendre rien. Rien d'effrayant comme chez Pascal, mais rien de très intéressant non plus.
Peut-être est-il vain de tenter de comprendre quoi que ce soit. Peut-être faut-il essayer de se contenter de vivre, même si c’est bien insuffisant. Mais que faire d’autre quand l’envie de mourir vous a quitté ?
Rentré dans ma cabane, je repris l’étude des rythmes ternaires en frappant mes baguettes sur un coussin de feutre, après m’être assuré que les poules ne manquaient de rien.
Elles ne manquaient de rien. Tout était donc pour le mieux.
(3129)
Chez les pessimistes radicaux, il y a cette conviction que la vie est mauvaise et qu’il est inutile de s’en émouvoir ; mais, parfois, les pessimistes n’en peuvent plus, c’est-à-dire que le pessimisme les pousse à ne plus croire au pessimisme, le pessimisme, c’est un scepticisme qui a tourné, et les pessimistes haïssant les croyances jusqu’à la seule qui les concerne, se maudissant avec le reste, ils flanchent, ils sombrent : ils s’abandonnent à l’optimisme.
(Jean Le Gall)
Ne croyant ni en Dieu, ni en une société parfaite, ni en une amélioration de l'Homme, je suis désespéré. Les choses n'étant pas ce que je voudrais qu'elles fussent, j'ai tendance à râler, à rouspéter… Et puis je transforme ça en gaieté. En ironie. En humour.
Je ne sais ce que j’ai pu paraître aux yeux du monde, mais à mes yeux il me semble que je n’ai jamais été qu’un enfant jouant au bord de la mer et se divertissant en trouvant de temps à autre un galet plus lisse ou un coquillage plus beau que les autres, alors que le grand océan de la vérité s’étendait devant moi, encore inexploré.
(Isaac Newton)
Bienheureux étaient alors les Phéaciens, non pas parce qu’ils sont nés des dieux, mais parce qu’ils honorent les jardins plus que tout. Ainsi, toute la fortune dont jouissent les Phéaciens était bien connue grâce à leurs jardins, mais j’aimerais aussi décrire dans le détail celui que j’ai vu. L’endroit tout entier était bas, et tous les cours d’eau descendant de la montagne s’y réunissaient. Un mur de pierre surplombait l’endroit, non pas un de ceux qu’un homme construit par sa souffrance, mais formé de pierres brutes assemblées ensemble.
(...)
Et une source jaillissait au milieu, supportant un courant plus rapide qu’une vague. Toutes les espèces d’oiseaux bénéficiaient de la liberté de l’endroit, charmant ceux qui les écoutaient de leurs chants, tandis qu’ils amusaient somptueusement les chasseurs de leur poursuite. Il était possible de voir toutes ces choses avec plaisir, mais il est encore plus agréable de les décrire à un public.
(Libanios)