dimanche 27 août 2023

 (...)

            Dès l'aube je déploie les voiles vers les océans lointains,

       Le soir venu, je lève ma flûte narguant vent et nuage,

      Pour remercier les Trois Joyaux qui n'ont fourni aucune nouvelle

      A part la barque abandonnée sur cette plage de sable.


(Tue Trung)

 


   À peine vient-on de me présenter des excuses que je les accepte aussitôt, si je sens qu’elles sont sincères. Or il est assez difficile de me mentir, j’aurais fait un bon inspecteur de police. Ensuite, je pardonne, complètement, sans jamais oublier l’infamie, ni l’arrivée prochaine d’autres  déceptions, lesquelles découlent tout naturellement des rapports humains.
    Quant à la solitude, tant vantée par les « sages », n’apporte-t-elle pas, elle aussi, son lot de désolations ?

(2549)



jeudi 24 août 2023

    On met des fils de fer autour des pelouses pour arrêter les gens qui vont y déposer des statues.

 (Edgar Degas)

 



    Comment ne pas tomber à genoux devant celle qui écrit : « Le plus grand dégoût de la vie peut procéder de la soif de vivre la plus violente » ?
    Lou Andréas-Salomé, vous êtes l’une des femmes que j’aime le plus intensément.

(2544)

 


mardi 22 août 2023

 Suite à de petits évènements non tragiques, ce blog est en pause pour quelques jours.


Hare Rama




lundi 21 août 2023

    Je relis lucidement, lentement, morceau par morceau, tout ce que j'ai écrit. Et je trouve que tout est nul, et qu'il aurait mieux valu ne pas l'écrire. 

 (...) le temps que j'ai perdu à le faire je ne l'ai gagné que dans l'illusion, à présent disparue, que cela en valait la peine.

(Fernando Pessoa)



    Un des plus grands livres de psychologie des profondeurs - et l’un des plus terribles - est certainement le recueil nommé Livre(s) de l’inquiétude, de Fernando Pessoa. À quelques lignes de la fin, on peut lire :
    « Un souffle de musique ou de rêve, n’importe quoi qui fasse presque sentir, n’importe quoi qui fasse ne pas penser… »
    C’est un livre qui nous déchire puis nous laisse infuser dans sa tristesse liquide, entre terreur et tendresse, là où s’aventurent ceux qui cherchent davantage de vérité, et qui en trouveront - avec davantage de tension.

(2543)



dimanche 20 août 2023

     Le jour de ma mort fut très agréable. Pour tous ceux qui me haïssaient, bien entendu, car ils étaient enfin débarrassés de l’idée que j’étais peut-être encore en vie quelque part. Mais pour ceux qui m’appréciaient - ils n’étaient pas nombreux -, ce fut également un bon moment. Quelques-uns étaient tristes, or chacun sait que la tristesse est une émotion aussi agréable que déroutante. La plupart des autres riaient beaucoup, en se rappelant les moments effroyables passés en ma compagnie, nos disputes, mon air sentencieux, mes accès de logorrhée délirante et ma mine défaite suite au passage d’un air trop sec ou d’un hélicoptère.
    En résumé, tous vous le diront : ce fut une  fort belle journée durant laquelle il n’y eut ni soleil, ni pluie, ni nuages, ni vent, ni ciel, ni Dieu, ni autre. Chacun rentra chez soi d’excellente humeur et passa l’une des nuits les plus agréables de toute son existence. Si le plus insignifiant des évènements peut nous mener au paradis terrestre, c’est à condition de n’être préparé à rien.

(2541)



samedi 19 août 2023

      « (…) la ligne Parménide, Gorgias, scepticisme est une ligne métaphysique. Peut-être Parménide, à la rigueur, serait-il le moins nihiliste de tous, en ce sens où il penserait peut-être le rien, et le rien de l’être dans son caractère riennant, hein (…) » déclare sur France Culture Barbara Cassin, Commandeure de l’ordre des Arts et Lettres.

(2537)



    Nos lèvres racontent une histoire, notre visage en dit une autre et notre corps une autre encore. Résultat ?  Néant.
    Ce qui vit en nous est incommunicable, même par le sourire ou les larmes, même par le silence.

(2538)



    Cher Baruch,

    nous resterons éternellement inconscients des causes qui déterminent nos désirs, car celles-ci sont infinies. Quant à votre proposition de nous en remettre à Dieu - cette Illusion majeure de toute éternité -, elle me semble aussi farfelue que la foi en l’avenir.
    Je tiens néanmoins vous féliciter pour avoir consacré tout ce temps à l’écriture : moins on est présent aux autres et plus on tend vers le divin.


     Bien cordialement

(2539)



Quand on a pour dernier séjour une simple motte de terre, à quoi bon bâtir des châteaux qui montent à l’assaut des cieux ?

      *

    Assieds-toi sur les bords d’un ruisseau et vois le passage de la vie, que cet indice d’un monde passager nous suffit.

 

(Hâfez Shirâzi)

 


mercredi 16 août 2023

    Même si elle ne fonctionne pas toujours, je m’inspire souvent de cette maxime de Louis Scutenaire :
    « Je m’attends toujours au pire, et comme le pire arrive toujours je suis un homme heureux. »
    C’est une sorte de couverture de survie trouée, un canot de sauvetage qui prend l’eau, mais qui permet quelquefois d’atteindre le rivage avant d’être complètement submergé.

(2531)



    X est d’une gentillesse incomparable : jamais il ne confie ses pensées à quiconque.

(2534)



   « Vous êtes réactionnaire » me disait-on quelquefois. À moi, pour qui l’idée de racisme est étrangère, qui suis incapable de comprendre le sens du mot « identité », qui n’ai jamais pensé qu’un quelconque âge d’or ait jamais existé, qui admire les femmes indépendantes et libertines, qui méprise toute « Patrie » et qui, en fin de compte, a le plus souvent douté de tout.
    Ne croyant pas non plus en la « Décadence » ni au « Cerveau collectif enfin capable d’améliorer la condition humaine », mais à la simple et infernale alternance des contraires - de l’abomination de la guerre à l’euphorie de l’entre-deux-guerres, je ne me sens concerné que par les sourires de la déroute - et la bonté des thés verts Sencha et Kukicha.

(2532)

 


dimanche 6 août 2023

    Tout est tellement beau lorsque nous fermons les yeux... Mieux vaut être le fugitif de tous les instants.

(2527)



    Une amie me soutient qu’elle veut mourir. Je lui réponds que c’est une excellente idée, et lui propose que nous en finissions ensemble. Elle est d’une grande beauté, a brillamment réussi de longues études et peut choisir la vie qui lui plaira. De mon côté, ayant tout raté et vivant sans avenir, je suis en faveur d’une ultime et revigorante catastrophe.     Quoi de plus doux que d’entraîner la princesse idéale dans la tombe, quand la vieillesse s’apprête à vous tomber dessus ?
    Hélas, elle finit par sourire et me dit qu’elle va plutôt démissionner, afin de se consacrer au yoga et au monde végétal - avec un verre de vin.
    Pendant qu’elle élabore ses projets, je la serre tout de même dans mes bras, car il n’est pas rare qu’un instant de tendresse nous fasse basculer dans l’excès.

(2528)