dimanche 27 octobre 2024

   À l’époque où je parcourais les soirées dansantes et les bals de village à la recherche d’un animal de compagnie, je croisais de temps à autre un géant moqueur et décalé, qui était dénommé VDL. « Il est impossible d’avoir une conversation avec lui, me disaient mes amies, il ne prend rien au sérieux. »
    Prononçant des paroles incompréhensibles et sans rapport avec aucune situation, il semblait avoir décelé le ridicule en toute chose et en chacun d’entre nous.
    Je me souviens de cette fois où il s’était interposé dans une bagarre. Placide et souriant, il s'était avancé avec l’un de ses immenses bras tendu vers la source de la rage, finissant par faire abandonner son adversaire sans jamais se départir de sa bonne humeur.
    Plus de trente ans plus tard, je l’ai retrouvé alors qu’il marchait seul dans une petite ville de province. Je l’ai salué, et il m'a souri comme si j’étais l’un de ses amis auquel il pensait de temps à autre - c’est du moins ce qu’il m’a plu de croire. J’avais envie de m’asseoir quelques instants à ses côtés sur un banc, pour une relecture de Mercier et Camier. Mais à peine avais-je commencé de parler que s’inscrivit dans son regard l’inutilité de toute chose alliée à une absence totale de sérieux. Et il me quitta avec ce fameux sourire, en m’offrant ce point d’interrogation que vous procure la perfection lorsqu’elle s’efface. Que d’admirables rencontres nous aurons faites durant notre vie sans jamais échanger une parole...
    VDL, mon ami, sois remercié à jamais pour ton nihilisme bienveillant !

(3110)



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