Qui pense avoir réalisé ses rêves n’a jamais vraiment rêvé.
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L’année 2025 débuta de façon banale, mais le premier avril m’offrit un cadeau de choix, quand je découvris cette phrase de Samuel Butler : « Il n'y a rien de plus impensable que la pensée, à moins que ce ne soit l'absence totale de pensée. »
Il faut imaginer ces instants de profondeur absolue où Tchouang-tseu fut terrorisé par le rire. Quiconque garde son sérieux n’a pas terminé l’exploration des grands fonds.
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J’en ai prêté à des gens qui ont disparu ensuite. J’en ai donné, et le résultat fut identique. Il me reste à glisser sous le seuil de pauvreté avec béatitude, à moins qu’un miracle ne se produise, et qu’un richissime passant désabusé m’en offre dans un élan de générosité sans retour, afin de parfaire l’expérience du don/contre-don, dans une variante non prévue par Marcel Mauss.
« Quelle force y a-t-il dans la chose qu'on donne qui fait que le donataire la rend ? » se demandait le brave homme. Aucune dans la société contemporaine, mon ami. Le Capitalisme à l’agonie se débattra en blessant tout le monde, et finira par tout anéantir. Avons-nous des nouvelles de Timon d’Athènes ?
Il est toujours possible de croire aux miracles et au paradis dans l’au-delà, mais il est plus sérieux de croire en la débâcle ici-bas.
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La mélancolie est une caresse intérieure. Accueillons-la avec volupté, mais rappelons-vous la main de cette amante qui nous caressait l’avant-bras autrefois. Au bout d’un certain moment, nous avions murmuré : « Tu creuses… »
Et c’est ainsi que chaque plaisir se transforme en souffrance. Si la douleur nous offre des moments de répits incomparables, et d’autant plus agréables que celle-là était profonde, ils sont cependant peu fréquents et de moindre durée. (Un point pour Arthur, un demi-point pour Lao-tseu.)
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