Le langage dévoile l’impuissance des mots, et le silence ne nous en apprend pas davantage.
(3077)
Je vois le pendule de Schopenhauer comme une balle de caoutchouc suspendue à un élastique mou, et frappée au hasard par des amateurs de jokari - la hauteur à laquelle se trouve cette balle mesurant le degré de notre bien-être.
Le plus surprenant dans cette histoire, c'est qu’il peut nous arriver de nous sentir à peu près heureux ou malheureux dans tous les états dans lesquels nous sommes conduits. Nous ne maîtrisons rien. L’espoir est la vision rêvée d’une possible échappatoire, mais il n’y a pas d’issue, et nous continuerons d’être secoués jusqu’au bout.
(3076)
(...) le travail doit être maudit, comme l’enseignent les légendes sur le paradis, tandis que la paresse doit être le but essentiel de l’homme. Mais c’est l’inverse qui s’est produit.
(...)
Le capitalisme et le socialisme ont la même préoccupation : parvenir à la seule vérité de l’état humain, la paresse. C’est cette vérité-là qui se cache au plus profond de l’inconscient mais, qui sait pourquoi, on ne le reconnaît toujours pas, et nulle part il n’existe le moindre système de travail qui ait comme slogan : “La vérité de ton effort est le chemin vers la paresse.”
(...)
Le socialisme est porteur de la libération au niveau inconscient, mais
lui aussi la calomnie, sans comprendre que c’est la paresse qui l’a
engendré. Et ce fils, dans sa folie, la qualifie de mère de tous les
vices. Ce n’est pas encore ce fils-là qui supprimera l’anathème, c’est
pourquoi, avec ce petit écrit, je veux réduire à néant la calomnie et
faire de la paresse non la mère de tous les vices, mais la mère de la
perfection.
(Kazimir Malevitch)