vendredi 15 novembre 2024

    Stig Dagerman avait écrit :
    « C’est ainsi, on n’y peut rien : on prend un verre et on le vide, ou on prend une mauvaise action dans le tas des actions encore à faire et on l’accomplit (…) »
    Septante ans plus tard, le neurologiste Robert Sapolsky déclare avec la même lucidité tranchante :
    « Le monde est vraiment foutu et rendu bien plus injuste par le fait que nous récompensons les gens et les punissons pour des choses sur lesquelles ils n'ont aucun contrôle. Nous n’avons pas de libre arbitre. Arrêtez de nous attribuer des choses qui n’existent pas. »
    Selon lui, si nous ne condamnons généralement pas celui qui fait un accident de voiture alors qu’il est atteint d’une crise d’épilepsie, nous devrions nous poser les mêmes questions face à n’importe quelle action humaine.
    Il est rejoint par le philosophe Gregg Caruso :
    « Qui nous sommes et ce que nous faisons est en fin de compte le résultat de facteurs indépendants de notre volonté et, de ce fait, nous ne sommes jamais moralement responsables de nos actes dans le sens où nous mériterions vraiment des éloges et des reproches, des punitions et des récompenses. Je suis d’accord avec Sapolsky sur le fait que vivre sans croire au libre arbitre est non seulement possible mais préférable. »
    Expliquer aux hommes qu’ils ne sont en réalité que des automates, que leurs actions dépendent d’une infinité d’enchaînements de causes et d’effets, de la génétique, de l’éducation, etc rendrait peut-être le monde moins stupide.
    Qui peut tenter de réfléchir à cette affaire ?

(3123)



mercredi 6 novembre 2024

   
    Politiquement, éthiquement et philosophiquement, je suis du côté des animaux. Je pense que l’humanité est collectivement une espèce tarée, sans espoir aucun. Elle est en train de s’autodétruire, ce qui finalement n’a aucune importance, mais elle détruit aussi la totalité du vivant, c’est-à-dire la possibilité d’autre chose. Et ça, c’est impardonnable. J’ai de la tendresse et de la compassion pour tel ou tel mais je considère l’espèce comme une catastrophe. Pour moi, l’humanité est une injure au vivant et livre après livre, j’essaie d’en explorer les limites.

(Patrick Declerck)

 



vendredi 1 novembre 2024

    Je le répète : dans un état psychologique idéal, je n'écrirais pas une ligne.

(Iñaki Uriarte)


 

   Sur terre, au début du XXIe siècle, le Progrès se mesurait au nombre de jets privés survolant les bidonvilles.

(3111)



dimanche 27 octobre 2024

    Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qu'il s'est passé.

(Groucho Marx)


 
Chapitre V
 
La petit Ludwig se demanda s'il allait se passer quelque chose
 
ou pas

   À l’époque où je parcourais les soirées dansantes et les bals de village à la recherche d’un animal de compagnie, je croisais de temps à autre un géant moqueur et décalé, qui était dénommé VDL. « Il est impossible d’avoir une conversation avec lui, me disaient mes amies, il ne prend rien au sérieux. »
    Prononçant des paroles incompréhensibles et sans rapport avec aucune situation, il semblait avoir décelé le ridicule en toute chose et en chacun d’entre nous.
    Je me souviens de cette fois où il s’était interposé dans une bagarre. Placide et souriant, il s’était avancé avec l’un de ses immenses bras tendu vers la source de rage, finissant par faire abandonner son adversaire sans jamais se départir de sa bonne humeur.
    Plus de trente ans plus tard, je l’avais retrouvé alors qu’il marchait seul dans une petite ville de province. Il m‘avait souri comme si j’étais l’un de ses amis auquel il pensait de temps à autre - c’est du moins ce qu’il m’a plu de croire.
    J’avais envie de m’asseoir quelques instants à ses côtés sur un banc, pour une relecture de Mercier et Camier. Mais à peine avais-je commencé de parler que s’inscrivit dans son regard l’inutilité de toute chose alliée à une absence totale de sérieux. Et il me quitta avec ce fameux sourire, en m’offrant ce point d’interrogation que vous procure la perfection lorsqu’elle s’efface.
    Que d’admirables rencontres nous aurons faites durant notre vie sans jamais échanger une parole… VDL, mon ami, sois remercié à jamais pour ton nihilisme bienveillant !

(3110)



mardi 22 octobre 2024

   L'honnête homme, détrompé de toutes les illusions, est l'homme par excellence. Pour peu qu'il ait de l'esprit, sa société est aimable. Il ne saurait être pédant, ne mettant d'importance à rien. Il est indulgent, parce qu'il se souvient qu'il a eu des illusions, comme ceux qui en sont encore occupés. (...) Il doit être plus gai qu'un autre, parce qu'il est constamment en état d'épigramme contre son prochain. (...) Il brise en riant les faux poids et les fausses mesures qu'on applique aux hommes et aux choses.

(Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort)



samedi 12 octobre 2024

    Ses yeux se voilèrent ; un long bruit, tranquille comme le silence, envahit ses oreilles, il sentit tout son être baigner dans un néant délicieux. Durant une incomparable seconde, tout lui fut harmonie, clarté sereine, parfum, douceur. Puis il cessa d'être. 

(Anatole France)

 
Chapitre XXIII
 
Un néant délicieux, voilà qui est attrayant, 
se dit le petit Ludwig

 

    La beauté des êtres est d’abord celle de leurs cicatrices.

(3116)



vendredi 11 octobre 2024

     Le capitalisme a survécu au communisme. Il ne lui reste plus qu’à se dévorer lui-même.

(Charles Bukowski)



vendredi 16 août 2024

    N'importe quel regard peut être celui d'un innocent ou d'un coupable, pensait-il en se rappelant les regards calmes et francs qu'on trouvait sur chacune des photos de l'affiche des terroristes les plus recherchés. En fin de compte, le visage n'est pas le miroir de l'âme.

(Antonio Muñoz Molina)



mardi 6 août 2024

   Il  n'y a rien de tel que de partager un oreiller. Ça vous éclaircit les idées. Parfois même ça vous les supprime carrément, comme ça on est tranquille.

(Julio Cortázar)

 
Chapitre VI
 
 Un oreiller, c'est probable, se dit le petit Ludwig


    Longtemps, sans repos, tu as veillé sur le butin des années inutiles ; qu'il soit enfin dissipé ! Il te restera le triomphe désespéré d'avoir tout perdu.

(Rabindranàth Tagore)



jeudi 1 août 2024

 

 
 
Méprisant depuis toujours les maîtres qui ont des mœurs d'esclaves comme les esclaves impatients de se glisser dans la peau des maîtres, j'avoue que les affrontements habituels entre les hommes et les femmes ne m'ont guère préoccupée. Ma sympathie va plutôt à ceux qui désertent les rôles que la société avait préparés pour eux.  (Annie Le Brun)
 

   On retrouve l'anthropocentrisme dans ce que les écoles forestières enseignent aux futurs ingénieurs : "Une forêt que l'on n'exploite pas va s'étouffer et mourir." Si l'on se souvient que les forêts mondiales existent depuis le Dévonien, il y a 380 millions d'années, on admettra que l'anthropocentrisme atteint ici les dimensions de l'arrogance.

(Francis Hallé)



mercredi 31 juillet 2024

    Du reste, c’est une nature malheureuse que la mienne : je voudrais une harmonie exquise dans tous les détails de la vie ; souvent des choses qui passent pour élégantes et jolies me choquent par je ne sais quel manque d’art, de grâce particulière et de je ne sais quoi.

    Fichue existence, va ! Vraiment, on ne tourmente pas ainsi les gens…

   Des futilités ?… Tout est relatif et si une épingle vous fait autant de mal qu’un couteau, qu’est-ce que les sages ont à dire ? 

(Marie Bashkirtseff)



dimanche 21 juillet 2024

    Qu’est-ce que la vie ? - Une fureur. Qu’est-ce que la vie ? - Une illusion, une ombre, une fiction, et le plus grand bien est peu de chose, car toute la vie est un songe, et les songes eux-mêmes ne sont que des songes.

(Pedro Calderón de la Barca)

 


    On n'est jamais assez pessimiste. Le mal des faits dépasse toujours le mal des prévisions. Proverbe mis à jour : le diable est toujours plus laid qu'on ne l'imagine.

(Giuseppe Rensi)


samedi 20 juillet 2024

    Qui veut déterminer toutes choses par les lois irritera les vices plutôt qu'il ne les corrigera.

(Baruch Spinoza)

 
Chapitre XXI
 
 Le petit Ludwig se demanda
 
s'il était nécessaire d'ajouter quelque chose